J’étais à Arromanches-les-Bains afin d’assister à une réunion de concertation concernant le projet « hommage aux héros » un futur parc sur un site de 7 hectares construit sur les marais de Carentan et projetant un spectacle vivant sur le débarquement du 6 juin 1944.
La réunion portait sur la dimension historique, culturelle et pédagogique. L’occasion de formaliser mon opposition à ce projet qui entretient une confusion entre la sphère privée et publique.
Alors que les initiateurs sont exclusivement des acteurs privés, leur dispositif de communication (le bleu blanc rouge par exemple), le nom « Hommage aux héros », ou l’accompagnement par un inspecteur général de l’éducation nationale dont les porteurs revendiquent le soutien laissent penser que ce projet est soutenu par l’Etat. Cela n’est manifestement pas le cas. Suite à mon questionnement, l’inspecteur général a bien précisé qu’il intervenait en tant que conseil et non soutien au projet.
En outre, j’ai pointé la confusion entenue entre le spectacle et l’histoire. Il s’agit d’un projet « artistique » afin de divertir un public et non d’un musée. Les concepteurs ne sont pas assez clairs sur ce volet du projet.
Autre confusion entre public et privé, la question même de « l’hommage », acte républicain habituellement inscrit dans le cadre de lieux, cérémonies et moments officiels gratuits et publics. Ici il s’agirait de payer 28,50€ pour aller « rendre hommage » ? On voit bien qu’il y a un problème ici aussi.
Enfin, ce projet entend transmettre une première approche pédagogique sur le débarquement. C’est problématique. Outre les grossières erreurs historiques mises en valeur hier par l’historien Jean-Luc Leleu dans la vidéo de présentation, je n’ai vu aucun véritable projet pédagogique hier soir. Je suis persuadé que rien ne pourra jamais remplacer les enseignements en histoire et les professeurs qui, engagés toute l’année développent des projets de qualité et des visites ou rencontres autour de la 2nde guerre mondiale.
Le devoir de mémoire est un sujet particulièrement important qui mérite du sérieux. Il en manque ici cruellement.
Je salue enfin la présence du vétéran Léon Gautier, venu témoigner malgré ses presque 100 ans, lors de ce moment d’échanges animé.
J’aurai bientôt l’occasion de revenir sur d’autres problèmes économiques ou écologiques qui sont aussi au coeur de ce projet.